Passage à l'acte... rédactionnel

Cette expression a une connotation négative puisqu'elle appartient au registre de la psychologie ou psychiatrie qu'on pourrait dire "judiciaire" (il y a peut-être un terme consacré ici que j'ignore ?) et désigne le fait pour un sujet de déborder ses processus de régulation qui lui permettent d'inhiber des conduites agressives et d'en venir à des actes violents, parfois même des meurtres.

Si on prend un peu de recul cette expression désigne en fait un changement de régime dans la dynamique énergétique du sujet. A une phase d'accumulation, de rétention ou de contention fait suite une phase où l'énergie s'épanche au travers d'un acte qui la métabolise à mesure qu'il s'accomplit de sorte que l'énergie se dissipe, son niveau baisse, la tension diminue et cela une sorte de soulagement, et donc la satisfaction d'un retour à un état plus tranquille. Aristote parlait d'effet cathartique mais les comportementalistes parlent simplement de renforcement.

Perçu sous cet angle, le passage à l'acte perd toute connotation négative et renvoie à un simple processus de décision qui, je le rappelle, est la condition sine qua non de l'acte puisque, comme chacun sait, lorsqu'on est dans l'indécision, on n'agit pas.

Il est donc clair que les conditions du passage à l'acte constituent un aspect susceptible d'éclairer les facteurs de l'indécision tant il est vrai que le passage à l'acte prend une tournure très positive lorsqu'il s'agit de personnes réservées, inhibées ou qu'une attitude défensive porte à la réflexion indéfinie avant l'action, au point, parfois, de verser dans la procrastination.

Je fais partie de cette dernière catégorie, je dois bien le reconnaître. Et c'est pour cette raison, justement, que j'ai grand plaisir à vous annoncer que j'ai trouvé un moyen fort agréable de passer à l'acte (d'écriture) grâce à la découverte ô combien tardive de cette facilité qui consiste à poster un article de blog via un simple e-mail.

Lorsque, par exemple, j'écoute le bullshit de France Inter (faute d'alternive) mille idées me viennent qui pourraient faire la matière d'un article à condition de compléter par un travail de recherche, un travail rédactionnel, un travail d'édition et un travail de publication. Généralement je procrastine direct en me disant, "garde ça pour plus tard, tu feras un article ou un chapitre le moment venu." Je suis très bon pour ça, très patient, comme si j'avais l'éternité devant moi. Résultat des courses, j'ai un vague souvenir des pensées que j'ai eu sur le moment, mais le mauvais vent de l'oubli les chassera et je devrai tout réinventer à chaque fois que mon attention sera portée sur cette question.

Bref, comme une rivière qui coule, un passage à l'acte se réalise quand il n'y a pas trop d'obstacles sur le chemin. Quand le niveau  (des conditions de réalisation de la tâche) est élevé, il faut attendre que le niveau monte, parfois très longtemps, car il y a des fuites et souvent rien ne se passe. Par contre, si les obstacles sont balayés et qu'on peut donner libre cours à sa pensée sans s'inquiéter de rien alors le passage à l'acte de paroles, en l'occurrence d'écriture peut se réaliser immédiatement car la motivation est là et, par hypothèse, aucune obstacle sérieux ne vient entraver le passage à l'acte.

Dont acte !

Tout ça pour expliquer pourquoi je trouve vraiment chouette de pouvoir publier sur ce blog juste en écrivant un mél adressé à Blogger qui gère tout. Même pas besoin d'aller sur le site, de réaliser tel ou tel acte technique, de valider etc. Non, juste écrire ce qu'on a à dire, mettre un titre et envoyer !
Le bonheur !

Ainsi, même si elle ne sont pas mises en valeur, même si elles sont juste exprimées "brut de coffrage", mes idées sont sauvegardées et ainsi protégées de l'oubli bête et méchant inhérent aux faiblesses bien naturelles de la mémoire.

Tiens la mémoire ? Eh bien justement, parlons-en dans le prochain post... :-)

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