Qu'est-ce que le passé ? (ontologie de la psychologie)


Ce matin l'émission Grand Bien Vous Fasse sur France Inter évoquait la question du passé avec le philosophe Charles Pépin.
Il me semble que ce thème est un des plus révélateurs du gros problème qu'a la psychologie sous le rapport de l'ontologie.
Car les intervenants ont parlé de notre rapport au passé comme les philosophes le font depuis des millénaires, avec tout au plus de régulières références à la science des neuromachins terriblement réductrice et en concurrence directe avec les explications psychologiques.

Autrement dit, rien n'était dit de ce qu'"est" le passé d'un point de vue psychologique, sachant qu'en psychologie fondamentale, tout n'étant qu'"habitude", la seule question qui se pose est où exactement se situe l'élément considéré dans l'organisation de l'habitude.

Il est ici très clair et même évident que la mémoire est incarnée par l'habitude elle-même en tant qu'elle est une structure qui garde trace du passé dans la perspective de le répéter  (vu qu'il s'est trouvé être agréable) ou de l'éviter (s'il s'est trouvé être désagréable voire douloureux).

Autrement dans une réflexion sur le passé TOUT a trait aux habitudes mais les intervenants n'en disent rien. A peine arrivent-ils à parler de mémoire tant le passé est chosifié et donc causifié alors qu'il n'est que l'effet de la manière dont nous en avons fait sens via l'habitude qui s'est assimilé l'épisode.

La conséquence est qu'ils parlent de tout ce qui se trouve autour de l'habitude sans pouvoir la nommer, un peu comme les aveugles dans la fable de l'éléphant. Ils tournent autour du pot et il serait intéressant d'assimiler intégralement leur propos à une conception "fondamentaliste" de la psychologie, cad, en termes d'habitudes.

Un exemple : à un moment donné il est question du fait que le passé nous détermine. Mais c'est idiot car c'est de l'ex post facto. Il s'avère que lorsqu'on agit, on peut toujours se trouver des bonnes raisons "passées" pour expliquer pourquoi on a fait ça. Mais on ne voit pas qu'en fait notre comportement était basé sur de purs automatismes, (des habitudes donc) à 99.4% pour reprendre la belle image de John Bargh.

Oui, le passé nous détermine parce que c'est dans le passé que nos habitudes se sont formées et que nous sommes nos habitudes. Notre conduite émerge directement d'elles et la marge de libre arbitre est ridiculement étroite.

Bon, il est tard, je m'arrête là pour le moment. Cela n'a rien de conclusif. Comme tous les posts ici, il s'agit de garder trace de pistes de réflexion qui sont seulement esquissées de manière à être compréhensible et mémorable ;-)

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